La polka
HISTORIQUE
Au début du XIXe siècle, dans les campagnes de l’Europe centrale, les 
		membres ankylosés après de longues journées passées aux champs, accroupies 
		à terre, à planter ou ramasser les récoltes, les paysannes aimaient s’adonner 
		à des danses gaies et entraînantes qui dégourdissaient leurs jambes.
		
		
		Sur une base commune, faite de petits pas rapides, chaque province possédait 
		son pas traditionnel dont les variantes étaient nombreuses. 
		Ces danses se pratiquaient selon l’humeur du moment, sans codification stricte.
		
		
		C’est ainsi qu’en Bohème, un beau jour de 1834 selon une légende locale, 
		une paysanne improvisa, sur une chanson populaire de l’époque, un pas sautillant 
		très personnel : trois pas rapides suivis d’un saut avec un pied. Un professeur 
		de danse, qui passait par-là, l’aperçut et nota la chorégraphie. Enthousiaste, 
		à son retour à Prague il la présenta à ses collègues.
		
		Après l’avoir quelque peu adaptée, pour la rendre plus élégante et en faire 
		oublier les origines populaires, les professeurs proposèrent cette nouvelle 
		danse à leurs élèves et l’appelèrent polka, par déformation du mot tchèque 
		« pulka » (signifiant « demi-pas »), faisant ainsi référence au pas chassé 
		qui en est la base. 
		En 1840, lors d’une démonstration au théâtre de l’Odéon, un professeur de 
		danse de Prague fit découvrir la polka aux français. 
		
		Les jeunes gens, séduits, voulurent s’y initier et se pressèrent dans les 
		académies de danse. 
		
		Mais, moins émancipées, les jeunes filles n’étaient pas en nombre suffisant 
		et les académies durent faire appel aux danseuses de l’Opéra de Paris.
		
		
		L’affluence n’en fut que plus grande, certains jeunes gens se découvrant 
		une passion insoupçonnée pour l’apprentissage de la danse, quitte à en délaisser 
		ultérieurement la pratique... Les parents, qui ne voyaient pas d’un bon 
		œil leurs fils fréquenter ces femmes de « mauvaise vie » et de « petite 
		vertu », proscrivirent la polka de leur salon et prièrent leur progéniture 
		de surveiller leurs fréquentations.
		
		Mais une indignation vertueuse en chasse une autre, et bientôt le courroux 
		se calma. À force de voir des partisans impénitents de la polka l’adapter 
		à toutes les danses en vogue (telle la polka-mazurka qui nous est restée), 
		les salons finirent par la tolérer. Bien inconstante dans ses indignations, 
		l’assistance des salons, impressionnée par la vélocité de la polka, lui 
		fit bientôt un triomphe. 
		
		Durant l’hiver 1844, chacun voulut la pratiquer et la polka détrôna, pour 
		un moment, la valse de son statut souverain. L’engouement fut tel qu’on 
		vendit bientôt dans les magasins, sous l’étiquette de polka, de nombreux 
		articles qui n’avaient que bien peu de rapport avec la danse : tabatières, 
		éventails,... de cette frénésie naissante pour les produits dérivés, l’Angleterre 
		a conservé un tissu à gros pois qui se vend toujours sous l’appellation 
		« polka dots » (pois polka).
		
		Avec le ragtime et le jazz, le XXe siècle allait annoncer un style musical 
		résolument nouveau dont la vague devait emporter la polka qui allait bientôt 
		tomber en désuétude. Très spectaculaire quand elle est bien dansée, on la 
		pratique parfois dans les dancings ; mais elle est plus souvent considérée 
		comme une curiosité que comme une danse incontournable.
ESPRIT ET PRINCIPES DE BASE
La polka est une danse gaie et entraînante, elle emporte les danseurs 
		dans un « galop » rapide autour de la piste. Ses pas ne sont pas compliqués 
		à apprendre, mais la vélocité de la polka interdit aux novices de se précipiter 
		sur la piste sans, au préalable, bien en connaître les principes. Cela entraînerait 
		d’inévitables collisions qui se révéleraient être brutales pour eux et dangereuses 
		pour les bons danseurs impétueusement emportés dans leur course. Aussi, 
		pour votre première danse, faites vous inviter par un danseur confirmé, 
		vous n’en comprendrez que mieux la technique.
		Il existe de nombreuses variantes de la polka : la polka piquée, la polka 
		sautée, la polka glissée,... Elles ont toutes en commun le pas chassé qui 
		en est toujours à la base.
RYTHME MUSICAL
La polka est une danse à deux temps. Le rythme est vif est clairement 
		marqué par la musique. Bien qu’étant une danse à deux temps, un déplacement 
		de polka s’effectue sur quatre pas. Le pas complet, lui, se fait sur deux 
		séries de quatre pas : le guideur effectue invariablement le premier déplacement 
		(de quatre pas) vers sa droite et le second vers sa gauche, inversement 
		pour le guidé.
		Un déplacement de quatre pas (qu’il se fasse vers la droite ou vers la gauche) 
		se compose toujours ainsi : un pas spécifique à chaque variante (piqué, 
		sauté, glissé) et un « pas chassé » (qui s’effectue sur trois pas).
LES PAS
Le pas chassé droit
Les pieds sont joints, le poids du corps repose sur la jambe gauche, le 
		pied droit est posé mais n’appuie pas sur le sol. 
		
		Pour commencer, le pied droit se déplace latéralement vers la droite et 
		le poids du corps bascule sur celui-ci. Puis, le pied gauche rejoint le 
		pied droit pour qu’ils soient joints et le poids du corps bascule sur la 
		jambe gauche. 
		
		Enfin, le pied droit se déplace latéralement sur la droite et le poids du 
		corps bascule sur celui-ci. 
		Pour la polka, quand il est bien maîtrisé, le pas chassé peut être très 
		légèrement sautillant, mais sans exagération.
Le pas chassé gauche
Il est symétrique au précédent. Les pieds sont joints, le poids du corps 
		repose sur la jambe droite. 
		Le pied gauche se déplace latéralement vers la gauche, puis le pied droit 
		rejoint le pied gauche pour qu’ils soient joints, enfin le pied gauche se 
		déplace latéralement sur la gauche. 
		
		Le guidé fait un pas chassé gauche pendant que le guideur fait un pas chassé 
		droit, et inversement. Pour la polka, les pieds des danseurs ne sont pas 
		tout à fait face à face, mais légèrement tournés vers la direction de déplacement.
Le pas de base
En sautant très légèrement, le guideur prend appui sur sa jambe gauche tandis 
		qu’il hisse son talon droit jusqu’au niveau de son mollet gauche, son genou 
		droit est fléchi. 
		Puis il repose le pied droit vers la droite, il a ainsi entamé un pas chassé 
		droit qu’il achève (soit quatre pas à la fin de ce déplacement).
		
		À la fin de ce pas chassé, le guideur est en appui sur sa jambe droite.
		
		En sautant très légèrement, il garde son appui sur sa jambe droite tandis 
		qu’il hisse son talon gauche jusqu’au niveau de son mollet droit, son genoux 
		gauche est fléchi. 
		Puis il repose le pied gauche vers la gauche, il a ainsi entamé un pas chassé 
		gauche qu’il achève. Le guidé suit en symétrique (il commence par lever 
		le pied gauche puis effectue un pas chassé gauche, il enchaîne ensuite en 
		levant le pied droit avant d’effectuer un pas chassé droit).
La rotation
Avec le pas de base les danseurs font du surplace : à la fin d’un pas de 
		base (huit pas en tout), ils sont revenus en position initiale. Cela permet 
		aux danseurs de se synchroniser en début de danse, ou de se stopper dans 
		leur « galop » autour de la piste quand celle-ci est encombrée. 
		
		Pour se lancer dans un déplacement continu et rapide autour de la piste, 
		les danseurs vont réaliser un demi-tour sur chaque pas chassé. Ainsi, que 
		le guideur effectue un déplacement vers sa droite ou vers sa gauche, il 
		entraînera toujours le couple suivant une même direction sur la piste.
		
		
		Le demi-tour s’effectue sur les trois pas composant le « pas chassé » et 
		se fait toujours dans le sens des aiguilles d’une montre (vers sa droite 
		pour le guideur comme pour le guidé).
 
				