CD «Chansons Interlopes 1906-1966»

 

Double CD accompagné de son livret inédit.
Sélection réunie par Martin Pénet.
(sortie : 11 juillet 2006)

Contenu du CD

Présentation par son concepteur

 


 

Ce double CD est présenté en digipak et est accompagné d’un livret d'une quarantaine de pages richement illustré et en couleurs, il comporte les titres suivants :

CD 1 : La Dérision

  1. "Mister Pétale" (Pierre Provence) 1965
  2. "Le monsieur et le jeune homme" (Juliette Gréco) 1963
  3. "Ils en sont tous" (Robert Rocca) 1953
  4. "Le tsoin tsoin" (O'dett) 1936
  5. "La destinée du petit marin" (O'dett) 1936
  6. "Travaillera rusticana" (O'dett) 1936
  7. "La Roustalamagna" (O'dett) 1936
  8. "Duo des dindons" (parodie de l'opérette 'La mascotte') (Charpini et Brancato) 1933
  9. "Je suis chanteur, je suis chanteuse…"
    (parodie sur l'air de "Je suis son père, je suis sa fille") (Charpini et Brancato) (document radio - 1944)
  10. "Idylle" (de l'opérette 'Chanson d'amour') (Charpini et Brancato) (document radio - 1944)
  11. "Nous voici réunis…" (parodie sur l'air de "Quand on est deux amis") (Charpini et Brancato) 1953
  12. "La parole" (de l'opérette "Mannequins") (Charpini et Brancato) 1953
  13. "Il m'déroute" (Christiane Néré) 1937
  14. "La tapette en bois" (Jacki) 1933
  15. "Imprudentes" (Georgius) 1933
  16. "La crâneuse du Sébasto" (Fournier) 1931
  17. "Ma marloupette" (Sandrey) 1931
  18. "La java des étourdis" (Sandrey) 1930
  19. "Titi... Toto... et Patata !" (Ouvrard) 1935
  20. "Tango 'casernal' " (Ouvrard) 1931
  21. "Henri, pourquoi n'aimes-tu pas les femmes ?" (Dranem) 1929
  22. "Le trou de mon quai" (Dranem) 1928
  23. "Le p'tit jeune homme" (Charlotte Gaudet) 1912
  24. "Si j'étais fille" (Lyjo) 1928
  25. "Chanson de l'armée allemande" (Maurel et Vilbert) 1908
  26. "Les petits soldats de Guillaume" (M. Soubeyran) vers 1908
  27. "Scandale teuton" (Jean Péheu) 1908

CD 2 : L'Ambiguïté

  1. "Cherchez la femme" (Coccinelle) 1963
  2. "Qu'on est bien" (Bambi) 1958
  3. "Qui me délivrera ?" (Nicole Louvier) 1953
  4. "Ni toi, ni moi" (Mick Micheyl) 1952
  5. "Chanson aphrodisiaque" (Dany Dauberson) 1950
  6. "M'amour" (Colette Mars) 1950
  7. "Mon secret" (Suzy Solidor) 1938
  8. "Le long des berges grises (La nuit)" (Réda Caire) 1935
  9. "Réveil matin" (Jean Tranchant) 1939
  10. "Ouvre..." (Suzy Solidor) 1934
  11. "Obsession (chaque femme je la veux)" (Suzy Solidor) 1933
  12. "Je veux cette nuit à moi" (La Palma) 1933
  13. "Tu sais..." (Dora Stroëva) 1930
  14. "Toute une histoire" (Yvonne George) 1926
  15. "La garçonne" (Georgel) 1923
  16. "Les filles, c'est des garçons" (Gabaroche) 1928
  17. "Si je devenais un homme" (La Houppa) 1938
  18. "Ah ! si j'étais fille" (Gabriello) 1933
  19. "Elle ou lui" (Charpini) 1930
  20. "Si j'étais demoiselle" (Adrien Lamy) 1928
  21. "Si j'étais midinette" (Fournier) 1927
  22. "Je m'aime" (Fournier) 1926
  23. "Le petit rouquin du faubourg Saint-Martin" (Fortugé) 1922
  24. "C'était une fille" (Maurice Chevalier) 1920
  25. "Femme et z'homme" (Nibor) 1920
  26. "Les bégonias" (Mayol) 1918
  27. "Je ressemble à Mayol" (Mayol) 1932





CHANSONS INTERLOPES

un nouveau disque de collectage et de collection
(Présentation du double CD par son concepteur Martin Pénet)

Lorsqu’en 1996 j’ai découvert l’association les Gais Musette, fondée et présidée à l’époque par Hervé Latapie, j’ai été séduit par sa volonté de proposer une alternative au « tout techno » qui régnait déjà dans le milieu homo.

Promouvoir les danses à deux entre filles et entre garçons… cela conduisait assez logiquement à redécouvrir qu’il avait existé une subculture homo avant les années 70 et leur militantisme avant tout politique.

J’entends par « subculture » non pas une sous-culture, mais une culture non officielle, non légitime, presque souterraine, pourtant bien réelle et foisonnante. Cette subculture consiste d’abord en des pratiques sociales (modes et lieux de rencontre, codes vestimentaires…), mais elle concerne aussi le monde du spectacle et passe alors par la chanson.

Mes recherches dans ce domaine m’ont en effet permis de dénicher des perles le plus souvent méconnues, car elles n’avaient pas eu l’honneur des rééditions en vinyle ou en CD. Il s’agit rarement de chansons « homosexuelles » à proprement parler - le mot n’apparaît d’ailleurs jamais dans les paroles avant 1970 - mais plutôt de chansons comiques, parfois même grivoises, utilisant le stéréotype de la « folle », ou décrivant des situations de quiproquos fondées sur l’apparence et l’ambivalence.

Les chansons lesbiennes, beaucoup moins nombreuses, font exception par une tonalité plus grave et plus sensuelle, avec souvent des paroles à double sens.

Quand l’envie m’est venue de rééditer ces enregistrements pour les faire connaître au public actuel, il fallait trouver un vocable adapté. Celui d’« interlope », très utilisé dans les années 20 et 30 pour désigner des marginalités peu recommandables, en particulier les milieux homos, a paru tout indiqué. J’ai donc proposé aux Gais Musette de produire une première version de ce CD « Chansons interlopes 1908-1955 » qui est sortie pour l’Europride 1997, laquelle se tenait cette année-là à Paris. Les mille exemplaires pressés à l’époque ont été vendus en quelques mois.

La demande répétée et la découverte de plusieurs perles supplémentaires, l’envie de faire chanter des chansons anciennes jamais enregistrées, m’ont conduit à vouloir renouveler l’aventure, mais en la repensant entièrement : deux CD au lieu d’un seul, un programme qui inclut aussi les années 50 à 60, de nouveaux repiquages bénéficiant des derniers progrès en matière de restauration sonore, un livret plus axé sur les chansons elles-mêmes : voilà l’ambition de ce coffret conçu comme un premier volume. Le second, plus facile à réaliser sur le plan technique, mais nettement plus difficile sur le plan juridique, proposera de redécouvrir la suite, c’est-à-dire la période récente, celle du militantisme et de la banalisation.

De même que la parution du premier CD avait donné à Hervé Latapie l’envie de monter en 2001 le spectacle « Comme ils chantent », la création de son nouveau spectacle « Chantons dans le placard » a fini de me décider. Puisque nombre de chansons sont communes aux deux projets, l’un prolonge l’autre et réciproquement. Chacun contribue à sa manière à faire connaître les prémisses de la « culture gay » et les figures qui l’ont peu à peu ébauchée, à une période où, en France, l’engagement dans ce domaine ne pouvait être qu’individuel.

Mais qu’on n’attende pas une galerie des chanteurs français des années 1900-1960 identifiés comme homo… Il était plus original et pertinent de rassembler une anthologie de chansons qui, par leur texte ou leur interprétation, sont rattachables à une volonté d’expression des différences sexuelles ou de genre.

En revanche, si l’on attend de l’humour et des clins d’oeil, ils seront au rendez-vous !

Martin Pénet
Concepteur et producteur