Hervé Latapie
Créateur de la Boîte à FrissonsHervé aime la vie de quartier et les bals musette mais dommage qu'on n'y puisse pas danser entre garçons.
Qu'à cela ne tienne, en janvier 1995, cet énergumène fou d'accordéon crée le premier bal musette au Tango. Un papy DJ qui donnait dans le thé dansant pour anciens fait vibrer les platines et le succès est immédiat.
Dans l'élan, Hervé lance l'association des Gais Musette.
Deux ans se passent et Hervé envoie bouler sa noble mission de professeur de sciences économiques pour monter au Tango, qui ne se porte plus très bien, la Boîte à Frissons et ses soirées hebdomadaires.
Exit le papy des platines, c'est Hervé lui-même qui balance la sauce musette mais aussi disco, variétoche, musique du monde, latino. Au détour de ces soirées, Vanessa Paradis susurre en chinois et on braille " I will survive " en turc.
Frisson assuré !
Un an plus tard, la " concurrence " créera les Follivores, encore un pas en avant pour les musiques ringardes, pardon, décalées !
Pour des soirées spéciales, se déplacent quelques orchestres et transformistes ou encore d'illustres stars interplanétaires telles que Madame H, Charlène Duval ou Madame Raymonde. Tous les deux mois pour le bal des célibataires, alternative sympathique à la backroom, Latapie devient Madame Hervé, une marieuse redoutable face à qui Simone Garnier, Fabienne Egal et Evelyne Leclerc font bien pâle figure.
L'ambiance est toujours familiale ; hommes, femmes, gouines, pédés, hétéros, jeunes et vieux se font frotti-frotta dans la joie et la bonne humeur.
Organiser des soirées, des spectacles, des débats, combiner des rencontres, c'est sa passion. Prof, il s'agitait déjà dans tous les sens pour faire bouger le mammouth. Qui aura oublié son travail sur l'économie du préservatif ?
Les quinze années passées dans l'éducation nationale sont loin et aujourd'hui Latapie se sent plus épanoui que jamais. "Je m'éclate, il ne me manque que les vacances".
Reconverti dans la fête et la musique ringarde, il n'en est pas moins militant.
Il avait même créé un journal de quartier pour défendre le jardin public du pâté de maison.
Depuis, les gueuloirs sont nés, une dizaine en trois ans.
Le 29 novembre on y a parlé du sida au Maroc.
Pour Noël, a vu le jour le bar de Latapie, la Petite Vertu, une sorte de Boîte à Frissons version bar, un endroit mixte et convivial. Il y organise le bal des sans-famille le 24 décembre mais pour l'heure il fait sa fête au maçon qui bloque l'avancement des travaux.
Une nouvelle patronne d'établissement gay serait-elle née ? Il jure que non, "Je ne ferais pas ça tout le temps, je suis capable de tout arrêter si la magie du lieu venait à disparaître."Illico - David Lelait
28/12/00