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4 - Histoires de file d'attente


Jeudi 13 mai 1999
(L'après première soirée DarladiDALIDA)

Toutes mes excuses pour les problèmes rencontrés à la porte hier soir. Mais face à l'affluence, et à la chaleur insupportable dans la salle (vous remuez trop et une aération est tombée en panne), nous avons été obligés de refuser beaucoup de monde. C'est aussi parce que le public attendait Lulu qui est arrivée un peu en retard, il n' y a donc pas eu le roulement habituel de la clientèle (ceux qui s'en vont après le Madison par exemple).

Un groupe de personnes très branchées, qui venait d'un établissement du Marais des plus à la pointe de la pointe de la mode, a été outré de se voir refuser l'accès. Ils ont appelé la police, menacé de porter plainte, promis de faire signer une pétition dans leurs "établissements" préférés (quelle curieuse façon de désigner des lieux de rencontre, fussent-ils gays !), etc.


Frissons en colère
Jeudi 1 juillet 1999

J'ai reçu aujourd'hui un texte qui me semble digne de figurer dans ces chroniques, même s'il est particulièrement féroce. Vous le verrez, il pose un sacré problème : comment faire face à l'affluence à l'entrée, sans blesser ni offusquer personne ? Où comment refuser du monde de manière élégante ? J'avoue que nous essayons de faire de notre mieux, Damien et moi, mais apparemment samedi dernier nous avons été odieux.
Voici le texte en question :

"Je voulais te raconter un gag qui m'est arrivé samedi soir : j'attendais sagement dans une file d'attente pour entrer dans une boîte bien sympa (style ambiance fête, sans prétention, où l'on vient pour s'amuser (pas pour s'observer)... Bref le genre d'endroit idéal pour faire la fête.(bals avec un petit air décontracté bien séduisant, musette, thé-dansant, soirée d'un genre totalement nouveau, toujours basée sur le grand mélange des genres).

J'observais un manège un peu particulier : des "boys" devant l'entrée (en l'occurrence Damien et Hervé, ndlr), passaient alternativement de chaque côté de la file d'attente pour y "sélectionner" les habitués de la boîte, l'un muni d'un éventail, l'autre jeune, (beau et frais...) (merci pour lui et aussi pour moi, vieille et défraîchie, ndlr). Les "pas plus habitués que moi" passaient devant tout le monde sur invitation desdits charmants garçons.

Mais quel est donc cet habitué des lieux qui ne sait pas qu'un soir de Gay Pride il faut prévoir de venir tôt ? (se rappeler la soirée DARLADI DALIDA ou simplement un samedi soir). Bref, un peu de mauvaise foi de la part de nos hôtes... Mon ami et moi, nous nous regardions d'un air interrogateur... et des groupes entraient selon le style... Nous 34 et 36 ans, jeans, aimant nous amuser et boire un peu... rien ! Un peu surpris quand même (mais bon, les sélections dans une file d'attente, nos grand parents ont déjà connu...).

J'attendais toujours silencieusement. Encore surpris d'entendre dire à des habituées qui attendaient derrière moi : "allez à la salle Wagram, les filles", alors que justement, si elle étaient là... Puis, observant le manège, je me rendais peu à peu compte que la sélection se faisait de mal en pis, chacun étant scruté... (Ah bon il fallait rouler des pelles à ces messieurs pour être connus à la Boîte à Frissons, la prochaine fois, je ne les lâche pas...).

Je me suis donc décidé à partir, faute d'avoir été "sélectionné" en me disant, et partant du principe que tout le monde n'était pas parfait (moi en premier lieu : mea culpa), que lorsqu' Hervé m'enverrait un Email je lui raconterais cette histoire, je sais qu'il les aime.

A bientôt donc ! Denys."

Hervé a reçu et fait suivre l'histoire, un peu honteux. Deux mises au point tout de même :
J'ai effectivement encouragé les filles à aller à la salle Wagram, ce qui représentait pour elle une vraie alternative : lieu superbe, musique semblable à ce que nous passons, et seule soirée "militante" à Paris, malheureusement non mixte je vous l'accorde. Si j'avais été une fille, je serais allé salle Wagram, où au moins La Fierté Lesbienne (assoc à but non lucratif) offrait une fête digne de cette journée.
La sélection est forcément teintée de discrimination, si on a semblé la faire sur des critères physiques ou de look, je le regrette. Je me souviens notamment avoir fait entrer un groupe de "papys" en me disant : si nous ne les acceptons pas, où pourront-ils aller ? Désolé pour Denys qui ne faisait pas "assez vieux" !


à suivre...