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- Les danses à deux


Des débutants malmenés (24 novembre 1999)

Deux anciens élèves sont venus me rendre visite vendredi. Ils étaient en terminale en 1986 (cela ne me rajeunit pas) et l'un deux est inspecteur de police dans le secteur de La Boîte à Frissons. Je l'avais retrouvé à la Gay Pride aux alentours du char des jeunes du MAG, lui était en service et non en manifestation. Cela l'avait évidemment amusé de me retrouver là ! Je lui avais raconté que je n'étais plus prof et que je dirigeais une boîte de nuit. A la suite de cette rencontre il m'a cherché un soir à La Luna où il comprit dès l'entrée qu'il avait fait erreur sur le nom : "cela ne vous ressemblait pas". Vendredi soir il était accompagné de sa copine. Avant minuit le musette les a surpris et ils sont restés assis jusqu'au Madison. Ils semblaient tout de même ravis et très à l'aise, justement parce qu'ils se sentaient bien acceptés.

Chauffés par le disco, ils sont restés sur la piste lorsque le musette a repris et ont tenté de danser la valse. Maladroitement, puisque c'était sans doute la première fois de leur vie (en dehors des slows) qu'ils s'enlaçaient pour danser. Et c'est alors qu'ils se sont fait sévèrement engueuler par des habitués qui n'appréciaient pas ces couples encombrant au milieu du tourbillon ordonné des bons danseurs. Ils quittèrent alors la piste, penauds et désolés d'avoir gêné, mais un peu vexés tout de même d'avoir été aussi mal traités.

C'est en fin de nuit qu'ils m'ont raconté cette mésaventure, sans méchanceté, juste pour me dire que "vos danseurs ils ne sont pas très tolérants". J'ai trouvé la formule sympathique, et j'ai eu envie de vous la retourner. Avouez qu'une petite leçon de tolérance, venant de la part de jeunes hétéros, cela ne fait pas de mal de temps en temps. N'oubliez jamais qu'avant d'évoluer avec autant d'aisance sur la piste, il a fallu apprendre et s'entraîner, alors un peu de gentillesse avec les débutants !


Rappel à l'ordre Mardi 30 mars 1999

Notre devise, clamée haut et clair, est de mélanger les genres et en particulier les publics. La chose paraît simple et facile à réaliser. En fait il n'en est rien et cela exige de chacun un minimum de générosité et d'ouverture d'esprit. Depuis quelques temps deux types de "frissonneurs" se côtoient sur la piste de danse :
- les initiés, danseurs expérimentés qui tournent en bon ordre et dans le bon sens ;
- les joyeux débutants, beaucoup moins au fait des usages d'un parquet de danse. Ils découvrent avec curiosité et enthousiasme les délices de l'ambiance de La Boîte à Frissons, mais ils manquent d'expérience. La rencontre des ces deux publics donne parfois à la piste de danse un petit air de pagaille (surtout quand il y a beaucoup de monde). Alors un petit effort, tout le monde doit trouver son pas et du plaisir : que les initiés restent tolérants et pédagogiques avec les désordonnés, que les débutants intègrent quelques règles : on ne fume pas sur la piste, on se retire lorsque l'on ne danse pas (pendant les danses à deux) et quand on danse on essaye de tourner dans le bon sens !


Mercredi 17 mai 2000
A propos des danses à deux

Je causais hier avec un journaliste du journal Marianne qui prépare un papier sur "le renouveau des danses de salon" qu'il perçoit à travers la multiplication des cours de danse. Cette conversation m'inspire donc ce courrier, d'autant plus que samedi soir, j'inaugure avec Damien comme partenaire, un nouveau type de séance d'initiation aux danses à deux : pas un vrai cours que nous serions incapables de donner, mais une joyeuse initiation destinée aux débutants pour qu'ils essayent de danser très simplement (un dépucelage en douceur !).

Mon idée est simple et va peut être en choquer beaucoup parmi vous : le renouveau des danses de salon est un fantasme, une idée journalistique, pas même une mode. Pire, si la tendance à multiplier les cours de danse se poursuit, alors on peut prévoir une vraie disparition des bals musette. Nos parents et grands parents ne prenaient pas de cours de danse et pourtant ils dansaient ! L'académisme et la recherche de la technicité ne peuvent que tuer la danse populaire.

S'il faut choisir entre un plancher bien ordonné où chaque couple tourne bien sagement dans le bon sens avec beaucoup d'application, et une piste bordélique, où règne une pagaille joyeuse mais très vivante, je préfère la seconde.

J'exagère sans doute, car entre ces deux extrêmes, il existe un juste milieu, qui je pense se réalise la plupart du temps à La Boîte à Frissons. Mais on ne doit pas perdre de vue que l'apport des danses à deux est la recherche d'une convivialité, et certainement pas l'exclusion de ceux qui ne savent pas danser. S'il on exclut des bals les fêteurs extravagants, on y perdra en bonne humeur et on finira pas s'y ennuyer.

A La Boîte à Frissons, mon objectif est de tout faire pour éviter que ne se creuse le fossé entre le public des danseurs (ceux qui aiment surtout la danse à deux, qui ont pris des cours et se débrouillent de mieux en mieux) et le public des fêtards de la nuit (ceux qui ne veulent pas se prendre la tête mais s'amuser).

Les danseurs arrivent presque à l'ouverture, repartent parfois juste après le Madison pour éviter "la variété et le disco". Les fêtards au contraire arrivent plus tard, juste après le musette, et avouons le, ils sont beaucoup plus nombreux. La confrontation entre ces deux publics provoque parfois des frictions ou des incompréhensions. Ainsi avant le Madison, les danseurs se sentent "au zoo", comme s'ils étaient observés comme des bêtes curieuses par les non danseurs assis autour de la piste et vissés à leurs tables. En fait, les non danseurs admirent les danseurs, mais du coup font des complexes face à de telles prouesses techniques et n'osent pas bouger de peur d'être ridicules. Et moi je suis entre les deux, énervé par les uns et les autres, et surtout par ce quiproquo fâcheux.

Voilà pourquoi nous allons tacher avec Damien, du moins le samedi soir, de mettre notre petit grain de sel dans cette confrontation silencieuse, nous, les marieuses expérimentées, allons devenir des entraîneuses sur la piste de danse.


à suivre...