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Les petites dernières


 

Plaidoyer de La Taulière
Traitez-moi de ringarde, je m’en fiche, moi j’aime les danses à deux !
(13 novembre 2003)

Combien de fois ai-je entendu de la part de jeunes (ou mêmes de plus tout jeunes qui veulent se donner l’air de l’être encore), une réplique qui se veut cinglante : « on pourrait entendre de la musique de jeunes dans ta boîte ? ». Le sous-entendu est clair, la chanson francophone du répertoire, mais encore plus, toute la partie musicale du début de soirée permettant la danse en couple, est ringarde, et en définitive, c’est cette danse elle-même qui est ridicule, simplement parce que nos parents et grands parents l’adoraient.

Les plus idiots en restent à ce verdict et s’en gargarisent. D’autres plus malins et surtout plus honnêtes, se laissent apprivoiser par La Taulière et finissent par y goûter à ces danses à deux. Comment en effet apprécier un plaisir sans s’y adonner un tant soit peu ? Nous serions tous abstinents sexuels s’il avait fallu nous en tenir aux préjugés inculqués par la morale dominante. La Taulière aime les jeunes mais ne se laissera jamais hypnotiser par leurs charmes, et au risque de leur déplaire, elle prône, et mieux, milite, pour la danse à deux et toutes les musiques qui vont avec, parce que c’est là que nous puisons le secret d’une convivialité hors mode, et qu’en prime nous avons l’occasion de jouir sans honte de la richesse du patrimoine de la chanson francophone (mais pas uniquement du reste).

Si ces questions de préjugés musicaux et ces querelles de chapelles de fêtards vous intéressent, venez en discuter au Gueuloir à La Petite Vertu mercredi prochain où il sera question de « guinguettes, bals, danses en couple : nostalgie ou renouveau ? ».

Mais avant, vous aurez pu goûter vendredi soir à l’ambiance extraordinaire d’un bal avec orchestre, celui de l’accordéoniste Corinne Rousselet. Et ceux qui n’aiment que « les musiques de jeunes » peuvent effectivement s’abstenir comme on dit dans les petites annonces, et qu’ils se rassurent, même sans eux, nous y prendrons tout notre plaisir !


 

Mariez-vous ! (Qu’ils disaient en 2004...)
(23 juin 2004)

La Taulière tenait à intervenir dans le débat politico-médiatiquement orchestré sur le mariage des homosexuels. Il est en effet étonnant que les prescripteurs d’idées novatrices, toujours si proches du terrain de la France gay d’en bas, n’aient pas pris en compte les vraies préoccupations des homosexuels de ce pays.

Votre Taulière peut témoigner, dans ses établissements, il est beaucoup plus question de la quête de l’âme sœur que du mariage. Du reste c’est le bal des célibataires qui a le plus de succès et les conversations les plus courantes évoquent les amours éphémères et les bons coups. Les fratries qui se forment, sorte de familles alternatives, très conviviales, sont souvent constituées d’anciens amants, devenus des ex, et donc des amis. Les mariés deviennent très vite tristes et moroses : on ne les voit bientôt plus circuler parmi nous jusqu’au jour où ils divorcent, quittent leur état neurasthénique et se remettent à sortir. L’autre variante se rencontre avec les « vieux » mariés qui ont franchi le cap des trois ou quatre années de bonheur commun et de fidélité : ils découvrent enfin les joies de l’union libre, s’accordent la liberté de vagabonder, parfois chassent ensemble le minou ou découvrent avec délice les charmes de la double vie (les amants mariés sont d’excellents amants).

Sans vouloir jouer l’oiseau de mauvaise augure, La Taulière s’inquiète un peu, pas seulement pour son fond de commerce (elle a déjà préparé sa retraite), mais pour une certaine ambiance, un genre de vie gay différent de l’hétéro-norme, inventant des solidarités, développant une sociabilité plus drôle, plus avenante. Que l’on ne nous dise pas qu’il n’y a pas le risque, peu à peu, de désigner les bons homos, entrés dans le rang, vivant maritalement, et les autres, les vilains, qui sortent tout le temps, n’arrêtent pas de baiser, se regroupent entre eux, développent leur culture alternative. Que l’on ne nous dise pas qu’il n’est pas dangereux de toujours confier à l’Etat le soin de gérer nos comportements : crèche, école, hôpital psychiatrique, mairie, tribunal, prison, censure des idées, etc.

Allez mettons-nous d’accord, redevenons audacieux : oui au mariage des homos, oui au divorce facile et permettons enfin aux prêtres homosexuels de se marier, s’ils le veulent, les malheureux ! Et surtout n’oublions pas les autres problèmes : avez-vous remarqué le grand silence sur le Sida pour cette marche des fiertés ?


à suivre...